« Je connaissais peu l’œuvre et ai été subjugué par la force de sa musique. »
Pierre-Emmanuel Rousseau
Loïc Lachenal présente Tristan et Isolde, l’opéra de l’amour absolu, dans une mise en scène faisant voyager le spectateur au cœur des émotions les plus fortes de notre humanité.
Six questions à Ben Glassberg, directeur musical de l’opéra Don Giovanni donné en version de concert.
Vous retrouvez, ici, votre répertoire fétiche. Que représente Don Giovanni de Mozart pour vous ?
Un plaisir immense ! Cette partition est intense, complexe et d’une dramaturgie incroyable. Tout y est ! La passion, l’humour, la terreur, le cynisme, la tendresse… Le rôle-titre est un personnage absolument affreux, assoiffé de conquête et immoral, et pourtant c’est un opéra que l’on aime, tant l’humanité des autres personnages nous touche et la musique est parfaite.
Qu’est-ce que la version de concert permet d’explorer ?
Le théâtre et le travail avec les metteurs en scène m’inspirent énormément mais dans cette œuvre, c’est l’orchestre qui joue toute la dramaturgie et assure le parcours narratif. La partition est si bien écrite que l’on suit l’intrigue et les émotions des personnages à travers les notes.
Comment en révéler la force ?
Par le détail de ses couleurs musicales. La partition joue sur deux axes ambivalents, un mélange de raffinement et de caractère plus animal. Je voudrais travailler cette élégance, cette part plus brute et instinctive.
C’est un plaisir supplémentaire que de retrouver Huw Montague Rendall, ici dans le rôle-titre. Qu’aimez-vous de sa voix ?
J’aime la noblesse de sa voix et sa flexibilité dans la recherche des couleurs. Huw Montague Rendall est un chanteur qui aime prendre des risques et j’adore ça car c’est dans ces conditions que l’on peut trouver la magie. L’Orchestre le connait très bien. Nous avons mené plusieurs concerts et enregistré un disque ensemble. Nous sommes heureux de l’accompagner dans cette prise de rôle.
Des grandes voix de la nouvelle génération l’entourent également…
Tout à fait. On entendra une distribution remarquable de jeunes étoiles montantes avec notamment trois sopranos à la carrière prometteuse. Chacun des solistes trouvera sa place car chaque numéro de Don Giovanni est un chef-d’œuvre en soi. Je ne pourrai en citer un en particulier tant ils sont tous exceptionnels.
Avec quelle sensation avez-vous envie que le public ressorte de ce concert ?
Avec la sensation que la musique se suffit à elle-même. Qu’elle est pleine, puissante et qu’elle peut dérouler une histoire à laquelle on peut complètement adhérer.
Propos recueillis par Vinciane Laumonier •
Bande-annonce de l’opéra Tancrède de Gioachino Rossini, donné du 12 au 16 mars 2024 au Théâtre des Arts.
Amour, guerre et trahison pimentent l’intrigue de cet opéra de Rossini, mis en scène par Pierre-Emmanuel Rousseau et présenté par Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie.
Cinq questions à Pierre-Emmanuel Rousseau, metteur en scène, scénographe et costumier de l’opéra Tancrède.
Qu’avez-vous envie de partager avec cette mise en scène ?
Je voulais raconter les deux histoires parallèles qui se jouent dans cet opéra. Celle de Tancrède, chevalier exilé et blessé qui rentre à Syracuse dans un désir de vengeance, et celle d’Amenaïde qui n’a cessé de l’attendre, animée par un amour absolu. Lui, traumatisé par la guerre, est davantage amoureux de l’idée de l’amour que d’Amenaïde et passe complètement à côté d’elle, ne la défendant pas lorsqu’elle sera accusée de trahison alors qu’elle fera tout son possible pour lui prouver son innocence. C’est cet amour discordant et toutes les strates de guerre, de blessure et de revanche qui font son terreau que j’avais envie d’explorer.
Comment l’avez-vous traduit sur scène ?
Par une scénographie sombre où le noir domine, avec quelques incursions dorées, et l’idée d’un Moyen-Âge fantasmé. Je me suis inspiré des films Promenade avec l’amour et la mort de John Huston (1969), qui se déroule pendant la Guerre de Cent Ans, et du Septième Sceau (1957) d’Ingmar Bergman. L’obscurantisme, l’inquisition et le poids de l’église sont particulièrement prégnants à cette époque et je souhaitais rendre ainsi le message plus universel. Tancrède a tout d’un chevalier errant qui court vers sa mort. Il arrive masqué et entre sur scène pour mourir.
Les costumes sont-ils inspirés de ce Moyen-Âge ?
Oui, mais de manière très stylisée, avec des éléments noirs et Amenaïde en or. Nous avons également joué avec les éclairages pour créer des ambiances lumineuses de clairs-obscurs.
Qu’est-il important, pour vous, de faire ressortir de la musique de Rossini sur scène ?
Cet opéra est une commande. Il s’agit du premier opera seria de Rossini et il atteint déjà une acmé à la mort de Tancrède qui est, pour moi, la plus belle page de l’Histoire de l’opéra. Rossini écrit, de manière complètement inédite, une mort naturaliste. La musique se désagrège petit à petit et Tancrède meurt, musicalement, dans un souffle. Une véritable mort de cinéma, qui n’a d’ailleurs pas plu à l’époque, obligeant Rossini à écrire une autre version finale. Tous les rôles sont également exigeants. Le quatuor de chanteurs, pour les représentations rouennaises, est juste extraordinaire. Il révélera la force de ces partitions.
Comment vos choix s’articulent-ils ?
Ici, nous partons de la production que j’ai déjà mise en scène, étudions son squelette, vidéos à l’appui, et échangeons sur la manière de nous l’approprier avec les chanteurs.
Propos recueillis par Vinciane Laumonier •
Six questions à Émeline Bayart, metteuse en scène d’Ô MON BEL INCONNU & rôle de Félicie.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous plonger dans cette opérette des Années folles ?
La rencontre avec Alexandre Dratwicki, directeur artistique du Palazzetto Bru Zane, a été déterminante. Il est venu voir D’Elle à Lui, récital antidépresseur qui rend heureux que je donne depuis quelques années au Kibélé, à Paris, et m’a proposé ce projet. Je suis immédiatement tombée sous le charme de cette opérette que je ne connaissais pas et que je trouve à la fois drôle et profonde. Et bien sûr, la musique de Reynaldo Hahn porte la pièce à merveille !
En quoi l’histoire vous séduit-elle ?
J’ai aimé ces trois destins de femmes, lasses de leur vie routinière, chacune pour des raisons différentes. La première, Antoinette, mariée à Prosper depuis vingt ans, s’ennuie avec son mari colérique et sans égard. Encore jeune, belle et pleine de lumière, elle rêve d’une vie moins austère et d’un amant qui lui fera voir la vie en rose. La deuxième, Marie-Anne, fille unique du couple Aubertin, attend le prince charmant qui lui fera quitter le nid familial et les sautes d’humeur de son père. Sa fraîcheur et son émerveillement face à la vie la rendent très touchante. La troisième, Félicie, la bonne au caractère bien trempé, aspire à une vie meilleure, prête à tout quitter si un homme sympathique et doté d’une belle bourse lui offrait cette opportunité.
Qu’est-ce qui a guidé votre mise en scène ?
Guitry a un vrai talent pour allier vaudeville et saynètes aux accents mélancoliques. Son écriture enlevée et poétique m’a beaucoup inspirée. Je souhaitais que l’on retrouve dans le même espace le magasin, le petit salon où les Aubertin reçoivent leurs invités et leurs appartements. Anne-Sophie Grac, scénographe et costumière, a imaginé une véritable boîte à jouer où les protagonistes évoluent comme dans un ballet avec portes qui claquent, grand escalier et scènes picturales. L’esthétique des années 30 permet aussi une élégance que l’on retrouve dans le décor, les costumes et les accessoires. Un régal pour les yeux !
Vous reprenez le rôle de Félicie, créé à l’époque par Arletty. Pensez-vous à elle ?
Je suis très touchée qu’Alexandre Dratwicki ait autant insisté pour que je joue également Félicie. Je m’amuse beaucoup sur scène ! C’est l’écriture du personnage qui me donne la clé du rôle, et pas la comédienne qui l’a créé, mais comme Guitry l’a écrit pour elle, j’ai souhaité conserver un peu de sa gouaille, comme pour la « citer » afin qu’elle reste dans l’œuvre tel un joyeux fantôme plein de bonnes ondes. Félicie est un personnage haut en couleurs, solaire et attachant.
Que provoque en vous la musique de Reynaldo Hahn ?
De la joie et de la mélancolie. Il y a des airs, celui d’Antoinette notamment, où l’on passe du sourire à l’émotion. Hahn s’est complètement adapté à l’écriture de Guitry,
la composition musicale a du sens, les airs
de groupe en témoignent particulièrement, et c’est pour le plus grand bonheur du spectateur.
Propos recueillis par Vinciane Laumonier •
Voir sur YouTube
CARMEN – GEORGES BIZET
Sous-titré en français.
Carmen comme en son temps ! Voilà l’idée de ce projet destiné à plonger le public dans l’univers visuel de l’époque de la création, en 1875. Pour permettre un tel événement, il a fallu renouer avec le travail artisanal – notamment de peinture – à l’ancienne, tout en profitant des avantages techniques de la modernité. Une équipe artistique soudée a travaillé pour obtenir un rendu historique irréprochable des costumes, des lumières, des décors et de la mise en scène. Cette résurrection ne se fonde pas de manière restrictive sur la recréation du décor de l’Opéra Comique de 1875, mais plus généralement sur tous les éléments d’archives qui permettent d’imaginer Carmen dans le monde entier entre sa création parisienne et la Première Guerre mondiale. En effet, comme pour tous les opéras français de son époque, Carmen dispose d’une très importante collection d’archives visuelles : livret de mise en scène (qui fixe précisément les déplacements et les groupements de personnages), plans et aquarelles colorisées des décors, nombreuses planches de costumes (et même quelques étoffes d’époque). Ces documents étaient diffusés à l’international par l’éditeur de la partition, Choudens, afin de permettre à chaque théâtre de reconstruire (avec de légères adaptations) le spectacle créé à Paris. Donnée dans plusieurs langues, cette Carmen originelle fut chantée généralement avec les récitatifs de Guiraud (dans plus de 90% des cas), et c’est pour cette raison que le spectacle proposé opte pour cette version sans dialogue. Ce n’est donc pas seulement le spectacle du 3 mars 1875 à Paris qu’il sera permis de voir, mais Carmen telle qu’elle fut découverte à New York, Vienne, Bruxelles, Stockholm, Milan, Londres, etc.
Contenu mis à disposition par le Palazzetto Bru Zane
Carmen est un opéra-comique en quatre actes de Georges Bizet, sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy. L’œuvre est une adaptation de la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée.
Les airs très connus de l’opéra Carmen de Bizet :
00:00 – Prélude (orchestre)
03:58 – Acte 1 :
- Scène et chœur « Sur la place chacun passe » (Moralès, chœur d’hommes puis Micaela)
- Chœur des gamins « Avec la garde montante » (José, Moralès, chœur d’enfants)
- Récit (José, Zuniga)
- Chœur des cigarières « La cloche a sonné » (chœur puis Carmen)
- Habanera « L’amour est un oiseau rebelle » (Carmen, chœur)
- Scène « Carmen ! Sur tes pas, nous nous pressons ! » (chœur)
- Récit (José puis Micaela)
- Duo « Parle-moi de ma mère » (Micaela, José)
- Récit (Micaela, José)
- Chœur « Que se passe-t-il donc là-bas ?… Au secours ! Au secours ! » (Zuniga, chœur)
- Chanson et mélodrame « Tra-la-la… Coupe-moi, brûle-moi » (Carmen, José, Zuniga, chœur de femmes)
- Séguédille et duo « Près des remparts de Séville » (Carmen, José)
- Final « Voici l’ordre, partez » (Carmen, Zuniga)
- Entr’acte (orchestre)
59:24 – Acte 2 :
- Chanson bohême « Les tringles des sistres tintaient » (Frasquita, Mercédès, Carmen)
- Récit (Frasquita, Mercédès, Carmen, Zuniga)
- Chœur « Vivat ! Vivat le toréro ! » (Frasquita, Mercédès, Carmen, Moralès, Zuniga, Lillas Pastia, chœur d’hommes)
- Couplets « Votre toast, je peux vous le rendre » (Frasquita, Mercédès, Carmen, Escamillo, Moralès, Zuniga, Lillas Pastia, chœur d’hommes)
- Récit (Carmen, Escamillo, Zuniga)
- Sortie d’Escamillo
- Récit (Frasquita, Mercédès, Carmen, le Dancaïre)
- Quintette « Nous avons en tête une affaire ! » (Frasquita, Mercédès, Carmen, le Remendado, le Dancaïre)
- Récit (Carmen, le Remendado, le Dancaïre)
- Chanson « Halte-là ! Qui va là ? » (Frasquita, Mercédès, Carmen, José, le Remendado, le Dancaïre)
- Récit (Carmen, José)
- Duo « Je vais danser en votre honneur… La fleur que tu m’avais jetée… Non ! Tu ne m’aimes pas ! » (Carmen, José)
- Final « Holà ! Carmen ! Holà ! » (Frasquita, Mercédès, Carmen, José, le Remendado, le Dancaïre, Zuniga, chœur)
01:40:05 – Entr’acte (orchestre)
02:15:08 – Acte 3 :
- Sextuor et chœur « Écoute, compagnon » (Frasquita, Mercédès, Carmen, José, le Remendado, le Dancaïre, chœur)
- Récit (Carmen, José, le Dancaïre)
- Trio des cartes « Mêlons ! – Coupons ! » (Frasquita, Mercédès, Carmen)
- Récit (Frasquita, Carmen, le Dancaïre)
- Morceau d’ensemble « Quant au douanier, c’est notre affaire » (Frasquita, Mercédès, Carmen, le Remendado, le Dancaïre, chœur)
- Air « C’est des contrebandiers le refuge ordinaire… Je dis que rien ne m’épouvante » (Micaela)
- Récit (Micaela puis José, Escamillo)
- Duo « Je suis Escamillo, toréro de Grenade ! » (José, Escamillo)
- Final « Holà, holà, José ! » (Frasquita, Mercédès, Carmen, José, le Remendado, le Dancaïre, Escamillo, chœur puis Micaela)
- Entr’acte (orchestre)
02:56:16 – Acte 4 :
- Chœur « À deux cuartos ! » (chœur puis Zuniga)
- Marche et chœur « Les voici, voici la quadrille… Si tu m’aimes, Carmen » (chœur puis Frasquita, Mercédès, Carmen, Escamillo)
- Duo et chœur final « C’est toi ! – C’est moi ! » (Carmen, José, chœur)
03:15:23 – Saluts
03:22:27 – Générique
Direction musicale – Ben Glassberg
Mise en scène – Romain Gilbert
Scénographie – Antoine Fontaine
Costumes – Christian Lacroix
Lumières – Hervé Gary
Chorégraphie – Vincent Chaillet
Carmen – Deepa Johnny
Don José – Stanislas de Barbeyrac
Micaela – Iulia Maria Dan
Escamillo – Nicolas Courjal
Frasquita – Faustine de Monès
Mercedes – Floriane Hasler
Le Remendado – Thomas Morris
Le Dancaïre – Florent Karrer
Zuniga – Nicolas Brooymans
Morales – Yoann Dubruque
Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie
Chœur accentus / Opéra de Rouen Normandie
Maîtrise du conservatoire à rayonnement régional de Rouen
Coproduction Bru Zane France, Opéra de Rouen Normandie, Opéra Royal – Château de Versailles Spectacles, Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française
Un grand merci au Crédit Agricole Normandie-Seine, grand mécène d’Opéra en direct, et Karine Bourguignon pour leur soutien à cet événement.
Région Normandie
Revivez Carmen, l’opéra français le plus joué dans le monde, dans sa version de 1875 !
🖥 OPÉRA EN DIRECT – CARMEN
QU’EST-CE QUE C’EST ❓
➡ L’opéra Carmen sera diffusé en direct pendant la représentation qui sera donnée au Théâtre des Arts à Rouen.
➡ Gratuit dans tous les lieux de diffusion
QUAND ❓
➡ Samedi 30 septembre à 18h
OÙ ❓
➡ Sur écran géant place de la cathédrale à Rouen
➡ Sur écran partout en Normandie et au-delà
➡ Chez vous, via Facebook ou YouTube
INFOS ❓
Voir toutes les infos et lieux
Nous tenons à remercier tout particulièrement le Crédit Agricole Normandie-Seine, grand mécène d’Opéra en direct, et Karine Bourguignon de leur immense soutien à cet événement !
Une expérience immersive dans la Séville de 1875…