Une facette méconnue du père de l’opérette : le goût d’Offenbach pour le violoncelle dont il jouait en virtuose et pour lequel il composa plusieurs œuvres.
Non, Offenbach n’a pas écrit que des opérettes ! Avant de connaître le succès avec La Périchole, La Grande Duchesse de Gerolstein ou La Belle Hélène, il fut un violoncelliste virtuose, au point qu’on le surnomma « le Paganini du violoncelle ». Entre 1839 et 1855, il composa un Cours méthodique de duos pour deux violoncelles, six suites classées en six degrés progressifs. Les opus 52 et 54 font partie des pièces « très difficiles ». Probablement composées pour des raisons pécuniaires, ces études pédagogiques témoignent néanmoins d’un véritable intérêt musical. Interprétées ici par les violoncellistes Hélène Latour et Jacques Perez, on y retrouve un peu du lyrisme, du panache et de la verve qui caractérisent le style de l’auteur de La Vie parisienne. Sans oublier, bien sûr, son sens de la mélodie.
Un nouveau rendez-vous cette saison : retrouvez les musiciens de l’Orchestre au foyer le mercredi après-midi et partagez avec eux les pages de musique qu’ils affectionnent particulièrement.
Expressivité et simplicité marquent ce concert qui donne vie à des paysages aussi harmonieux que des estampes japonaises. Si Gabriel Fauré est l’un des compositeurs occidentaux les plus appréciés des Japonais, c’est que l’impression de calme et d’équilibre qui ressort de sa musique correspond à leurs goûts artistiques. C’est le cas de son deuxième Quintette, sommet de musique de chambre et testament musical, où la clarté de la ligne le dispute au raffinement de l’écriture harmonique. Des caractéristiques que l’on retrouve dans les pièces de musique de chambre de deux Japonais nourris de culture occidentale : Hika (élégie) de Toru Takemitsu (1930-1996) et Haru no Umi de Michio Miyagi (1894-1956), écrit initialement pour shakuhachi et koto (flûte en bambou et harpe traditionnelles) puis transcrit pour violon et piano par le compositeur lui-même..
La mélancolie d’Europe centrale s’invite dans deux trios pour piano, violon et violoncelle : le célèbre Dumky de Dvořák et le seul trio composé par Clara Schumann.
À quoi rêvent les jeunes filles ? Quand elles sont aussi douées que Clara Schumann, pianiste virtuose et compositrice, sans doute à la gloire et à de brillantes tournées. Las ! Au xixe siècle, la place des femmes en musique est reléguée au second plan. Après son mariage avec Robert Schumann, en 1840, Clara compose moins. Elle livre malgré tout en 1846 un ample trio en sol mineur d’un lyrisme poignant. La rêverie d’Anton Dvořák est quant à elle au cœur d’une de ses partitions les plus connues : le trio Dumky (« rêveries » en ukrainien). Abandonnant la traditionnelle forme sonate, Dvořák s’empare de la forme populaire de la dumka, d’origine slave, et exprime pour la première fois un langage musical tchèque. Ces six petites pièces sont comme il l’écrit lui-même « à la fois gaies et tristes. Par endroits comme un chant introspectif, ailleurs comme une danse joyeuse ».
Êtes-vous plutôt Amérique du Nord ou du Sud ? Avec Astor Piazzolla et Eric Ewazen, pas besoin de choisir ! Le continent s’invite dans toute sa richesse.
L’un est né en Argentine, l’autre dans l’Ohio, l’un est connu dans le monde entier, l’autre principalement des spécialistes. A priori, Astor Piazzolla (1921-1992) et Eric Ewazen (né en 1954) n’ont pas grand-chose en commun si ce n’est de partager un amour immodéré pour les instruments à vent. C’est le plus souvent pour les cuivres qu’écrit Eric Ewazen, compositeur et professeur à la prestigieuse Juilliard School de New York. Nombre de ses œuvres font la part belle à la trompette, au trombone ou au tuba. Pour Piazzolla, c’est le bandonéon qui se taille une place de choix. Avec son Concerto pour bandonéon, violon, guitare électrique et contrebasse écrit en 1971, le roi du tango entendait mettre en valeur les musiciens du Quinteto Tango Nuevo, la formation qu’il fonda en 1960 à Buenos Aires pour favoriser la diffusion du tango dans le monde entier. Mission accomplie !
Les compositeurs de musique dite « savante » ne dédaignent pas les formes populaires ou folkloriques. Elles deviennent même parfois de remarquables sources d’inspiration.
Malcolm Arnold, cela ne vous dit rien ? Mais si, bien sûr ! C’est lui qui a composé la musique du Pont de la rivière Kwai pour laquelle il reçut un Oscar. Moins connus mais tout aussi séduisants, ses Three Shanties puisent leurs racines dans les chants marins populaires, dans une partition burlesque et plaisante. A l’origine pour violon et piano, la pièce en forme d’Habanera de Maurice Ravel, réarrangé par Clarke S. Kessler, revisite cette œuvre aux impressions hispaniques, en une version pour quintette à vents.C’est à l’Amérique du Sud que nous évoque la suite Belle époque de Julio Medaglia, traversée par un tango, une valse et un « chorinho ». Retour en Europe avec Ferenc Farkas qui s’inspire de danses hongroises du XVIIe siècle pour tenter de « recréer un style baroque hongrois « provincial » ». Un tour du monde des instruments à vents !
La musique baroque allemande révèle quelques-unes de ses perles avec des œuvres de Telemann et de Carl Philipp Emanuel Bach.
Au XVIIIe siècle, les musiciens voyageaient beaucoup. L’Allemand Georg Philipp Telemann, lui, n’a pas souvent franchi les frontières de son pays mais y a rencontré nombre de compositeurs étrangers. C’est ainsi qu’il a assimilé les styles français, italien et allemand ou même bohème. Ses Quatuors parisiens reflètent une élégance toute française mais aussi une manière italienne tandis que la tradition allemande traverse ses douze Fantaisies pour violon. Comme Telemann, Carl Philipp Emanuel Bach a été laissé dans l’ombre du grand Jean-Sébastien. Son trio témoigne pourtant de la solide technique inculquée par son père et d’une imagination toute personnelle. Trois œuvres de musique de chambre qui renouvellent le répertoire baroque et rendent justice à ces compositeurs très appréciés à leur époque.
Des pages brillantes de musique de chambre qui, de l’Argentine à l’Europe, nous emmènent sur les traces de Piazzolla, Bridge, Massenet, Dvořák et Weber.
Dans ce méli-mélo de musique de chambre, la valse s’invite en nombre. Antonín Dvořák arrange pour quatuor à cordes deux de ses Valses pour piano, marquées par leur inventivité et leur finesse mélodique. Franck Bridge, musicien chambriste, écrit à la perfection pour cette formation, comme en témoigne sa valse russe issue de ses Neuf miniatures. Quant à Astor Piazzolla, ses tangos liés aux quatre saisons de Buenos Aires puisent dans l’énergie et les contrastes de la capitale argentine. Weber de son côté emprunte à la Hongrie des effets de rythmes pour son Andante et rondo pour basson, une page aussi brillante que la célébrissime Méditation de Thaïs de Massenet.