Les enfants vont en avoir plein les mirettes avec ce chef-d’œuvre de Verdi dans une mise en scène participative qui fait la part belle aux illusions scéniques.
En s’inspirant du Roi s’amuse, la pièce de Victor Hugo, Giuseppe Verdi a rendu son opéra Rigoletto bien plus célèbre que son modèle ! Il faut dire que l’orchestration scintillante et les airs éblouissants font toujours mouche, tandis que l’histoire est un concentré d’émotions. Comment ne pas se sentir en empathie avec Rigoletto, le bouffon du Duc de Mantoue, sur qui pèse une terrible malédiction ? Pour adapter l’opéra à un jeune public tout en restant fidèle à l’histoire originale, le metteur en scène Manuel Renga a opté pour une mise en abyme où une troupe donne une représentation de Rigoletto, révélant au passage la machinerie théâtrale et certaines techniques permettant de créer des illusions scéniques. Avec un dispositif participatif qui permet au jeune public de chanter les chœurs, cette version a de quoi susciter des vocations !
Index of Metals, œuvre testamentaire composée et créée en 2003 par Fausto Romitelli, échappe à toute catégorisation. Tirant aussi bien ses inspirations dans la tradition lyrique savante, dans les expérimentations des mouvements bruitistes et spectraux, dans le rock psychédélique ou dans la musique techno, cette œuvre transcende les genres.
Des raves parties, qui connaissent un essor dans les années 1990, à l’art total, inauguré au XIXe siècle par Richard Wagner, Fausto Romitelli cherche à offrir une expérience complexe de transe à la limite de la saturation sensorielle.
Dans la version, proposée à Rouen, l’ensemble Miroirs Étendus, imagine une expérience où la fête règne en maître, délirante et subversive. La frontière entre scène et public est supprimée, laissant place pour la première partie à une déambulation dans le Théâtre des Arts sur une création musicale de Dmitri Kourlianski.
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Cet opéra immersif du XXIe siècle s’attaque à la qustion des sens et de leur saturation.
Atteindre l’art total, n’est-ce pas l’ambition de tout compositeur d’opéra ? Avec An Index of Metals, sa dernière partition écrire à raison de 15 heures par jour malgré son cancer, Fausto Romitelli avait “pour projet de détourner la forme séculaire de l’opéra vers une expérience de perception totale, plongeant le spectateur dans une matière incandescente aussi bien lumineuse que sonore; un flux magmatique de sons, de formes et de couleurs, sans autre visée que l’hypnose, la possession et la transe.” On comprend pourquoi son sous-titre originel état “Rave Party”, finalement abandonné car, comme le remarque justement la metteuse en scène Alénor Dauchez, “une rave party ne s’écrit pas”. Rendant hommage aux intentions du compositeur, elle imagine un dispositif où les frontières entre scène et public s’effacent et où la fête règne en maître, délirante et subversive.