Entretien avec Sally Matthews, Soprano – Concert Mahler, Wagner à l’Opéra de Rouen Normandie
Pourriez-vous décrire les Wesendonck Lieder de Wagner ?
Ces chansons sont pleines d’amour ; gorgées de nature et de vie sous toutes ses formes. Elles sont nées d’un sentiment d’insécurité, Wagner étant contraint de fuir d’abord à Weimar, puis avec l’aide d’amis à Zurich. Ces amis étant bien sûr Otto et Mathilde Wesendonck. Mathilde devient alors très vite l’amante et l’égérie de Wagner. On ressent dans ces chansons une passion et une urgence à comprendre le vrai sens de la vie, de l’amour et de la mort.
Qu’éprouvez-vous lorsque vous les interprétez ?
C’est très spécial. J’ai toujours le désir de traduire tout ce que le compositeur a souhaité et Wagner donne d’ailleurs toutes les indications qu’il faut pour le faire. Ces chansons sont incroyablement émouvantes et plus grandes que nous-mêmes. En les interprétant, j’ai toujours ce sentiment d’être traversée par la puissance et l’émotion bouleversante que procure la nature. Cette musique invite à comprendre pourquoi on est sur cette terre. L’interpréter est un défi énorme mais incroyablement émouvant à vivre.
Vous chanterez également dans la Symphonie n°4 de Mahler, une œuvre à laquelle vous êtes habituée. Que voulez-vous transmettre à travers votre voix ?
Comme vous dites, c’est une œuvre que j’ai beaucoup chantée. Je pense que le secret est de trouver la pureté du son et de la ligne, tout en créant un véritable drame appuyé sur ce texte très étonnant. Il est aussi important, avec cette pièce en particulier, que je me fonde avec l’orchestre pour donner au public cette impression de ne recevoir qu’une seule musique parfaitement homogène.
Wagner et Mahler vous sont-ils intimes ?
Je me familiarise avec les deux. La musique de Richard Strauss est très centrale dans mon répertoire mais ces deux autres compositeurs deviennent de plus en plus présents. Je vais chanter mon premier grand rôle wagnérien la saison prochaine, et plus tard cette saison, interpréter les Rückert Lieder de Mahler au Wigmore Hall à Londres.
Propos recueillis par Vinciane Laumonier•