Loïc Lachenal présente Dialogues des Carmélites de Poulenc, une œuvre bouleversante qui retrace le destin tragique des Carmélites de Compiègne.

Bande annonce de l’opéra Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc.
Du 28 jan. au 4 fév. au Théâtre des Arts.

Directeur musical de la nouvelle production des Dialogues des Carmélites.

« Les Dialogues des Carmélites, c’est pour moi l’opéra le plus intense. » Ben Glassberg

Pour ce projet artistique longtemps rêvé dans sa carrière, et une collaboration des plus intenses avec la metteuse en scène Tiphaine Raffier, la nouvelle production des Dialogues des Carmélites apparaît comme un moment marquant dans la carrière du chef d’orchestre Ben Glassberg.

Metteuse en scène de la nouvelle production des Dialogues des Carmélites.

« Personne ne peut sortir indemne de cette œuvre. » Tiphaine Raffier

D’actrice à metteuse en scène, la dramaturge Tiphaine Raffier nous parle de son parcours et partage le défi que représente sa première mise en scène d’opéra.

Entretien avec Tiphaine Raffier, metteuse en scène des Dialogues des Carmélites.

Votre mise en scène s’ancre-t-elle dans l’époque du livret, à savoir la Révolution française ?

Dans cette mise en scène, le contexte historique de la Révolution française est évoqué par le texte projeté plutôt que par l’esthétique. Ce texte, que j’ai écrit, accompagne les interludes composés par Poulenc pour la création française et permet de situer l’action dans le temps tout en offrant une perspective plus sensible, presque affective, sur l’état du pays et le soulèvement imminent. J’aimais l’idée de passer de l’écrit au chanté : confronter le silence de l’écrit à la puissance lyrique et liturgique du chant, porté par les personnages et les religieuses. Cette alternance fait voyager le spectateur entre une voix intérieure, presque murmurée dans sa propre tête, et les dialogues des Carmélites — dialogues qui, d’ailleurs, relèvent du fantasme de Bernanos, car on sait que les Carmélites ne se parlaient que brièvement, et uniquement pendant les temps de récréation. Le titre de l’opéra, en soi, est un oxymore parfait, résumant une œuvre construite sur l’alliance des contraires.

Comment retrouve-t-on cette alliance des contraires dans la musique ?

Dans chaque scène, une tension constante s’installe entre la grâce et le chaos, et cela dès les premières mesures. L’opéra ouvre sur un contraste saisissant : alors que la musique traduit le tumulte et l’angoisse liés à l’émeute extérieure, l’action, elle, se déroule chez un aristocrate, dans un intérieur parfaitement ordonné. Le personnage du père de Blanche incarne le décalage d’une génération en rupture avec son époque. Il devient presque une métaphore de la voix du roi, celui qui n’a pas réussi à prévoir le soulèvement de son peuple.

Ce jeu de contrastes atteint son apogée à la fin de l’opéra. La partition ne s’achève pas sur le son brutal et implacable des seize coups de guillotine mais par des accords plus calmes et célestes, comme une âme qui s’élève. On peut y voir une consolation fragile. Le noir ne tombe pas sur la guillotine : une lumière subsiste. Par un détail poétique, une perspective d’avenir s’ouvre et rappelle que cet opéra est une œuvre de croyance qui affirme que la grâce est possible.

« Le titre de l’opéra, en soi, est un oxymore parfait, résumant une œuvre construite sur l’alliance des contraires. » Tiphaine Raffier

Cette dernière scène nous dévoile une Blanche qui, par vœu de martyre, s’est libérée de ses peurs et a pris en main son destin. Quel est le parcours de Blanche ?

Blanche aspire à être une combattante, à prendre son destin en main, à dépasser sa peur. Pourtant, à cette époque, les options qui s’offrent aux femmes se limitent au mariage ou au voile. Lorsqu’elle choisit d’entrer chez les Carmélites, c’est avant tout pour se protéger et fuir la mort. Mais, au sein du couvent, elle ne sera confrontée qu’à des visions d’horreur. Dès son arrivée, Constance lui révèle avec une légèreté confondante qu’elles partagent un destin commun : elles mourront ensemble. Plus tard, Blanche doit à nouveau affronter la mort avec celle de la Prieure, une figure maternelle de substitution, elle qui a perdu sa propre mère en couche. La Prieure, dans ses derniers instants, blasphème et avoue sa terreur face à la mort, abandonnée par Dieu.

Bernanos confronte les multiples attitudes face à la mort. Il y a la joie candide de l’enfant, mais aussi la voie du philosophe, qui a passé sa vie à méditer sur la mort sans y trouver de réconfort au moment ultime. Blanche, elle, suit un véritable chemin de croix. Après avoir douté, tremblé et fui la mort, elle finit par se relever et l’affronter avec un courage inattendu. Comme le Christ au jardin des oliviers, qui avoue lui aussi sa peur de mourir, Blanche, et peut-être Poulenc, montrent que ceux qui doutent peuvent, paradoxalement, être les plus courageux au moment décisif.

Propos recueillis par Solène Souriau • décembre 2024

L’opéra reprend l’histoire vraie des seize Carmélites de Compiègne condamnées à mort et guillotinées le 17 juillet 1794, dix jours à peine avant la chute de Robespierre. Elles seront béatifiées en 1906. Mercredi 18 décembre 2024, elles ont été canonisées par le pape François.

Au cœur de l’atelier de l’Opéra Orchestre Normandie Rouen dans le cadre de la construction des décors pour la nouvelle production des Dialogues des Carmélites.


Plongez au cœur de la magie de l’opéra et découvrez les coulisses de la création des décors.
Menuisiers, serruriers, peintres-décorateurs déploient leur savoir-faire depuis septembre dans la réalisation des décors de la nouvelle production des Dialogues des Carmélites.

Pierre Dumoussaud nous invite au concert Massenet, Bizet.

➡️ 19 déc. Le Havre, Le Volcan
➡️ 20 & 21 déc. Rouen, Théâtre des Arts
➡️ 22 déc. Neufchâtel-en-Bray, L’Art et la Manière

Malgré les défis économiques rencontrés, l’Opéra Orchestre Normandie Rouen a réussi à maintenir une activité artistique de haut niveau grâce à l’engagement de ses équipes, des financeurs, de ses partenaires et de l’ensemble des acteurs culturels de la région Normandie.

En réunissant l’Orchestre Régional de Normandie et l’Orchestre de l’Opéra, l’institution renforce son rayonnement et sa capacité à proposer une programmation diversifiée, tout en renforçant son ancrage territorial.

L’Opéra Orchestre Normandie Rouen s’engage à offrir au public une expérience artistiques riche et variée, au plus près de chez eux, en mettant l’accent sur la découverte de nouvelles œuvres et de nouveaux talents, tout en proposant des répertoires plus classiques.

Télécharger le rapport d’activité 23-24

Nous avons rencontré Maxime Soulignac, mécène de l’Opéra Orchestre Normandie Rouen depuis 2022. Il a 40 ans et est venu nous parler de son engagement en faveur de la musique et à destination des générations futures.

Vous êtes mécène depuis 2 ans maintenant, qu’est-ce qui vous a donné envie de soutenir l’Opéra Orchestre Normandie Rouen ? 

Je suis mécène depuis 2 ans mais je suis spectateur au Théâtre des Arts depuis 25 ans. Ce sont mes parents qui m’ont donné le goût de la musique et j’ai depuis toujours pris des abonnements. J’ai entendu parler des soucis budgétaires de l’Opéra de Rouen, et j’ai eu envie de le soutenir pour avoir le plaisir de venir encore régulièrement. Aujourd’hui, à mon tour, je transmets cette passion à ma fille.

Quel rôle joue l’Opéra pour vous ? Quel sens voyez-vous dans votre engagement ?

Je ne peux pas passer une journée sans musique, elle m’est essentielle, c’est le reflet de mes émotions. Je pense que la création musicale, et culturelle d’une manière plus générale, est importante. Devenir mécène particulier, c’était une façon très modeste d’avoir un petit impact au niveau local sur la vie culturelle, et d’en faire bénéficier tout le monde. Donner, ce n’est pas toujours facile mais je suis heureux de pouvoir participer, à mon niveau. 

Quels avantages trouvez-vous au fait d’être mécène à l’Opéra ?

Je suis devenu mécène sans attendre de contreparties particulières. J’apprécie cependant de pouvoir bénéficier de la primauté sur la programmation et la réservation. L’Opéra propose également des invitations à des évènements : avant-premières, répétitions, etc. Malheureusement, je n’ai pas le temps de participer à ces soirées, mais c’est intéressant de pouvoir venir dans les coulisses, de rencontrer les artistes, de voir l’envers du décor. 
J’espère pouvoir me libérer ! J’apprécie le fait que l’on soit « récompensés » en pouvant entrer dans le cœur de l’Opéra, au-delà même des avantages fiscaux, on se sent impliqué.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à devenir mécène ? 

Il ne faut pas hésiter ! C’est une façon d’entretenir la solidarité, de garder un lien de société. Il ne faut pas perdre de vue que la création artistique coûte de l’argent et que les politiques n’ont pas toujours les ressources pour favoriser cette création. Quand on a la chance de pouvoir le faire, je trouve que c’est important, c’est une façon de s’engager en tant que citoyen. Et ce n’est pas réservé aux plus riches, je pense que les contributions les plus modestes sont les bienvenues !

Nous avons interrogé Amin Zeghib, mécène de l’Opéra Orchestre Normandie Rouen. Il a 27 ans et est venu nous parler de l’importance de son engagement.

C’est votre première année en tant que mécène, qu’est-ce qui vous a donné envie de soutenir l’Opéra de Rouen Normandie ? 

Je viens en tant que spectateur et abonné depuis plusieurs saisons déjà. La variété de la programmation est quelque chose qui m’importe beaucoup, et l’Orchestre est vraiment excellent. J’ai été exposé depuis tout petit à la musique classique et l’Opéra m’a permis de retrouver cette partie de moi. Alors, j’ai eu envie de participer et d’aider à financer l’Orchestre, même si ça reste modeste.

En tant que grand habitué de nos salles, quel lien entretenez-vous avec l’Opéra Orchestre Normandie Rouen ? Et avec l’opéra en général ?

Ce lien avec l’opéra, c’est quelque chose qui est ancré chez moi depuis tout petit. J’ai baigné dans ce monde, au travers de mes parents, de mes grands-parents. Sans que je ne m’en rende compte, ça a travaillé mon oreille, ce qui a fait que je me suis mis à énormément apprécier la musique classique. L’Opéra de Rouen était alors un lieu tout trouvé !

Pour moi, l’expérience de l’opéra, c’est quelque chose qui doit être partagé. On doit s’affranchir de la vision élitiste que l’on a de la musique classique. Je pense qu’à travers [les actions culturelles] qui permettent de toucher les plus jeunes, et même de toucher tout le monde sans regard sur un quelconque critère, l’Opéra Orchestre Normandie Rouen participe à rendre la culture accessible à tous.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à devenir mécène ?

Si ça vient d’une envie sincère, je conseillerai de simplement y répondre, si c’est possible. Mon acte était désintéressé, plus qu’autre chose.

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Accessibilité

L’Opéra accessible
L’Opéra de Rouen Normandie met tout en œuvre pour encourager et faciliter la venue des personnes en situation de handicap. Une tarification adaptée, des dispositifs d’accompagnement spécifiques et des lieux accessibles permettent une découverte de la saison dans les meilleures conditions.

Des lieux adaptés
Le Théâtre des Arts (entrée rue du docteur Rambert) et la Chapelle Corneille sont équipés de rampes d’accès et d’ascenseurs. Des emplacements spécifiques sont réservés aux personnes à mobilité réduite et leurs accompagnateurs. Voir la carte d’accès.

Des tarifs adaptés
Une tarification adaptée permet un meilleur accueil des personnes en situation de handicap. En savoir plus.

Audiodescription
Certaines représentations sont audiodécrites en partenariat avec Accès Culture. En amont de ces rendez-vous, nous proposons une visite tactile des décors et des costumes avec l’équipe artistique. Le jour du spectacle, le programme de salle est disponible en caractères agrandis et en braille. En savoir plus.

Loupes
Disponibles sur simple demande au vestiaire.

Gilets vibrants
Pour ressentir pleinement les vibrations d’un opéra, d’un concert ou d’un spectacle de danse, l’Opéra de Rouen Normandie met à disposition des gilets SUBPAC pour certains spectacles sur réservation. En savoir plus.

Boucles magnétiques
Des boucles magnétiques individuelles sont disponibles sur simple demande et permettent une amplification sonore des spectacles pour les personnes bénéficiant d’une assistance auditive avec position T.

Réservation SMS
Les personnes présentant une déficience auditive peuvent réserver leurs places et leurs gilets vibrants par SMS au 07 81 15 36 09.

Séances Relax
Ces représentations proposent un dispositif d’accueil inclusif et bienveillant, pour faciliter la venue au spectacle de personnes dont le handicap peut entraîner des comportements inhabituels ou imprévisibles. En savoir plus.

Surtitrage
Un surtitrage en français est proposé pour tous les opéras.

Parcours de découverte
En lien avec la programmation, ils sont proposés aux personnes présentant une déficience intellectuelle.

Séances en LSF
Certaines représentations sont traduites en Langue des Signes Française. En savoir plus.

Pour tout renseignement ou réservation, nous vous invitons à nous contacter :
Angélina Prévost – Chargée des actions culturelles
07 81 15 36 09
angelinaprevost@operaderouen.fr

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